Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
souvenirs d’une actrice.

Mon compagnon, enchanté de cette représentation à notre bénéfice, courut vite chercher l’instrument[1].

Je leur chantai ce qui me vint à l’esprit de chansonnettes villageoises :

Sans un petit brin d’amour,
On s’ennuierait même à la cour.

Cela les égaya fort, et me fit penser à la chanson du Misanthrope :

Si le roi m’avait donné
Paris, sa grand’ville.

Mais ce qui enchanta surtout mon vieux fermier, ce fut une romance languedocienne, de Goudoulis, célèbre par ses poésies languedociennes :

Tircis est mort pécaïre : osulous ploura lous.

Je crois qu’il m’aurait donné sa ferme, et m’au-

  1. Les chanteurs sont comme les francs-maçons, ils trouvent toujours quelqu’un pour les comprendre. Le God save the King m’a fait des amis de tous les matelots anglais, lorsque je voyageais sur mer ; et un air russe m’a valu la bienveillance des Cosaques en France.