Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
souvenirs d’une actrice.

voyage, et je sais qu’il est d’usage en province d’avoir des habitués de la ville.

— Comme on ne soupe qu’à dix heures, madame a le temps de faire un peu de toilette ; d’ailleurs, il y aura des dames à table, et moi-même j’en ferai les honneurs.

Je me laissai persuader. Elle m’aida à chercher ce qui m’était nécessaire pour un négligé de voyage, et fut aussi prévenante qu’elle l’avait été peu à mon arrivée. Elle s’extasiait sur chaque pièce de mon ajustement.

« — Ah ! comme on voit que madame est une Parisienne, nos dames vont-elles vous regarder demain, au spectacle ! »

Tout le monde arriva pour souper, et mon compagnon de voyage, tout fatigué qu’il devait être, ne manqua pas de s’y rendre. Il avait, à ce qu’il parait, raconté mes succès dans la ferme. S’il n’avait cependant jugé mes talents que d’après cela, il ne pouvait s’en faire qu’une médiocre idée. Je ne m’attendais pas à ce qui allait arriver.

Il vint me chercher pour me placer à table, et me