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CH. II. NOUVELLES CROYANCES RELIGIEUSES.

L’association continua naturellement à grandir, et d’après le même mode. Plusieurs curies ou phratries se groupèrent et formèrent une tribu.

Ce nouveau cercle eut encore sa religion ; dans chaque tribu il y eut un autel et une divinité protectrice.

Le dieu de la tribu était ordinairement de même nature que celui de la phratrie ou celui de la famille. C’était un homme divinisé, un héros. De lui la tribu tirait son nom ; aussi les Grecs l’appelaient-ils le héros éponyme. Il avait son jour de fête annuelle. La partie principale de la cérémonie religieuse était un repas auquel la tribu entière prenait part[1].

La tribu, comme la phratrie, avait des assemblées et portait des décrets, auxquels tous ses membres devaient se soumettre. Elle avait un tribunal et un droit de justice sur ses membres. Elle avait un chef, tribunus, φυλοβασιλεύς[2]. Dans ce qui nous reste des institutions de la tribu, on voit qu’elle avait été constituée, à l’origine, pour être une société indépendante, et comme s’il n’y eût eu aucun pouvoir social au-dessus d’elle.


CHAPITRE II.

NOUVELLES CROYANCES RELIGIEUSES.

1o  Les dieux de la nature physique.

Avant de passer de la formation des tribus à la naissance des cités, il faut parler d’un grand événement qui

  1. Démosth., in Theocrinem. Eschine, III, 27. Isée, VII, 36. Pausan., I, 38. Schol. in Demosth., 702. — Il y a dans l’histoire des anciens une distinction à faire entre les tribus religieuses et les tribus locales. Nous ne parlons ici que des premières ; les secondes leur sont bien postérieures. L’existence des tribus est un fait universel en Grèce. Iliade, II, 362, 668 ; Odyssée, XIX, 177. Hérodote, IV, 161. Thucydide, III, 92.
  2. Eschine, III, 30, 31. Aristote, Fragm. cité par Photius, vo ναυκραρία.