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CH. XVI. LE ROMAIN ; L’ATHÉNIEN.

pect pour les vieilles traditions et les vieux rites. Sa principale religion, celle qui obtient de lui la dévotion la plus fervente, c’est la religion des ancêtres et des héros. Il a le culte des morts et il les craint. Une de ses lois l’oblige à leur offrir chaque année les prémices de sa récolte ; une autre lui défend de prononcer un seul mot qui puisse provoquer leur colère. Tout ce qui touche à l’antiquité est sacré pour un Athénien. Il a de vieux recueils où sont consignés ses rites et jamais il ne s’en écarte ; si un prêtre introduisait dans le culte la plus légère innovation, il serait puni de mort. Les rites les plus bizarres sont observés de siècle en siècle. Un jour de l’année, l’Athénien fait un sacrifice en l’honneur d’Ariane, et parce qu’on dit que l’amante de Thésée est morte en couches, il faut qu’on imite les cris et les mouvements d’une femme en travail. Il célèbre une autre fête annuelle qu’on appelle Oschophories et qui est comme la pantomime du retour de Thésée dans l’Attique ; on couronne le caducée d’un héraut, parce que le héraut de Thésée a couronné son caducée ; on pousse un certain cri que l’on suppose que le héraut a poussé ; et il se fait une procession où chacun porte le costume qui était en usage au temps de Thésée. Il y a un autre jour où l’Athénien ne manque pas de faire bouillir des légumes dans une marmite d’une certaine espèce ; c’est un rite dont l’origine se perd dans une antiquité lointaine, dont on ne connaît plus le sens, mais qu’on renouvelle pieusement chaque année[1].

L’Athénien, comme le Romain, a des jours néfastes ; ces jours-là, on ne se marie pas, on ne commence au-

  1. Plutarque, Thésée, 20, 22, 23.