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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

cité. Il fut un roi selon le cœur des patriciens et mourut paisiblement dans son lit.

Il semble que sous Numa la royauté ait été réduite aux fonctions sacerdotales, comme il était arrivé dans les cités grecques. Il est au moins certain que l’autorité religieuse du roi était tout à fait distincte de son autorité politique et que l’une n’entraînait pas nécessairement l’autre. Ce qui le prouve, c’est qu’il y avait une double élection. En vertu de la première, le roi n’était qu’un chef religieux ; si à cette dignité il voulait joindre la puissance politique, imperium, il avait besoin que la cité la lui conférât par un décret spécial. Ce point ressort clairement de ce que Cicéron nous dit de l’ancienne constitution. Ainsi le sacerdoce et la puissance étaient distincts ; ils pouvaient être placés dans les mêmes mains, mais il fallait pour cela doubles comices et double élection.

Le troisième roi les réunit certainement en sa personne. Il eut le sacerdoce et le commandement ; il fut même plus guerrier que prêtre ; il dédaigna et voulut amoindrir la religion qui faisait la force de l’aristocratie. On le voit accueillir dans Rome une foule d’étrangers, en dépit du principe religieux qui les exclut ; il ose même habiter au milieu d’eux, sur le Cœlius. On le voit encore distribuer à des plébéiens quelques terres dont le revenu avait été affecté jusque-là aux frais des sacrifices. Les patriciens l’accusent d’avoir négligé les rites, et même, chose plus grave, de les avoir modifiés et altérés. Aussi meurt-il comme Romulus ; les dieux des patriciens le frappent de la foudre et ses fils avec lui.

Ce coup rend l’autorité au Sénat, qui nomme un roi de son choix. Ancus observe scrupuleusement la religion,