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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

entre tous les candidats. Ce sont les hommes qui choisissent.


CHAPITRE X.

UNE ARISTOCRATIE DE RICHESSE ESSAIE DE SE CONSTITUER ; ÉTABLISSEMENT DE LA DÉMOCRATIE.

Le régime qui succéda à la domination de l’aristocratie religieuse ne fut pas tout d’abord la démocratie. Nous avons vu, par l’exemple d’Athènes et de Rome, que la révolution qui s’était accomplie, n’avait pas été l’œuvre des plus basses classes. Il y eut à la vérité quelques villes où ces classes s’insurgèrent d’abord ; mais elles ne purent fonder rien de durable ; les longs désordres où tombèrent Syracuse, Milet, Samos, en sont la preuve. Le régime nouveau ne s’établit avec quelque solidité que là où il se trouva tout de suite une classe supérieure pour prendre en mains, pour quelque temps, le pouvoir et l’autorité morale qui échappaient aux eupatrides ou aux patriciens.

Quelle pouvait être cette aristocratie nouvelle ? La religion héréditaire étant écartée, il n’y avait plus d’autre élément de distinction sociale que la richesse. On demanda donc à la richesse de fixer des rangs, les esprits n’admettant pas tout de suite que l’égalité dût être absolue.

Ainsi Solon ne crut pouvoir faire oublier l’ancienne distinction fondée sur la religion héréditaire, qu’en établissant une division nouvelle qui fut fondée sur la richesse. Il partagea les hommes en quatre classes, et leur donna des droits inégaux ; il fallut être riche pour parvenir aux hautes magistratures ; il fallut être au moins