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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

fondèrent Tarente étaient des Spartiates qui avaient voulu renverser le gouvernement. Une indiscrétion du poëte Tyrtée fit connaître à la Grèce que pendant les guerres de Messénie un parti avait conspiré pour obtenir le partage des terres.

Ce qui sauvait Sparte, c’était la division extrême qu’elle savait mettre entre les classes inférieures. Les Hilotes ne s’accordaient pas avec les Laconiens ; les Mothaces méprisaient les Néodamodes. Nulle coalition n’était possible, et l’aristocratie, grâce à son éducation militaire et à l’étroite union de ses membres, était toujours assez forte pour tenir tête à chacune des classes ennemies.

Les rois essayèrent ce qu’aucune classe ne pouvait réaliser. Tous ceux d’entre eux qui aspirèrent à sortir de l’état d’infériorité où l’aristocratie les tenait, cherchèrent un appui chez les hommes de condition inférieure. Pendant la guerre médique, Pausanias forma le projet de relever à la fois la royauté et les basses classes, en renversant l’oligarchie. Les Spartiates le firent périr, l’accusant d’avoir noué des relations avec le roi de Perse ; son vrai crime était plutôt d’avoir eu la pensée d’affranchir les Hilotes[1]. On peut compter dans l’histoire combien sont nombreux les rois qui furent exilés par les éphores ; la cause de ces condamnations se devine bien, et Aristote la dit : « Les rois de Sparte, pour tenir tête aux éphores et au Sénat, se faisaient démagogues[2]. »

En 397, une conspiration faillit renverser ce gouvernement oligarchique. Un certain Cinadon, qui n’appartenait pas à la classe des Égaux, était le chef des conjurés. Quand

  1. Aristote, Pol., VIII, 1 (V, 1). Thucydide, I, 132.
  2. Aristote, Pol., II, 6, 14.