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CH. XIII. RÉVOLUTIONS DE SPARTE.

les partager. On ne sait pas comment il finit ; mais après lui on voit à Sparte un tyran, Machanidas : preuve certaine que le parti populaire avait pris le dessus.

Philopémen qui, à la tête de la ligue achéenne, faisait partout la guerre aux tyrans démocrates, vainquit et tua Machanidas. La démocratie spartiate adopta aussitôt un autre tyran, Nabis. Celui-ci donna le droit de cité à tous les hommes libres, élevant les Laconiens eux-mêmes au rang des Spartiates ; il alla jusqu’à affranchir les Hilotes. Suivant la coutume des tyrans des villes grecques, il se fit le chef des pauvres contre les riches ; « il proscrivit ou fit périr ceux que leur richesse élevait au-dessus des autres[1]. »

Cette nouvelle Sparte démocratique ne manqua pas de grandeur. Nabis mit dans la Laconie un ordre qu’on n’y avait pas vu depuis longtemps ; il assujettit à Sparte la Messénie, une partie de l’Arcadie, l’Élide. Il s’empara d’Argos. Il forma une marine, ce qui était bien éloigné des anciennes traditions de l’aristocratie spartiate ; avec sa flotte il domina sur toutes les îles qui entourent le Péloponèse, et étendit son influence jusque sur la Crète. Partout il soulevait la démocratie ; maître d’Argos, son premier soin fut de confisquer les biens des riches, d’abolir les dettes, et de partager les terres. On peut voir dans Polybe combien la ligue achéenne avait de haine pour ce tyran démocrate. Elle détermina Flamininus à lui faire la guerre au nom de Rome. Dix mille Laconiens, sans compter les mercenaires, prirent les armes pour défendre Nabis. Après un échec, il voulait faire la paix ; le peuple s’y refusa ; tant la cause du

  1. Polybe, XIII, 6 ; XVI, 12. Tite-Live, XXXII.