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4° La religion dans l’assemblée, au Sénat, au tribunal, à l’armée ; le triomphe.

Il n’y avait pas un seul acte de la vie publique dans lequel on ne fît intervenir les dieux. Comme on était sous l’empire de cette idée qu’ils étaient tour à tour d’excellents protecteurs ou de cruels ennemis, l’homme n’osait jamais agir sans être sûr qu’ils lui fussent favorables.

Le peuple ne se réunissait en assemblée qu’aux jours où la religion le lui permettait. On se souvenait que la cité avait éprouvé un désastre un certain jour ; c’était, sans nul doute, que ce jour-là les dieux avaient été ou absents ou irrités ; sans doute encore ils devaient l’être chaque année à pareille époque pour des raisons inconnues aux mortels. Donc ce jour était à tout jamais néfaste : on ne s’assemblait pas, on ne jugeait pas, la vie publique était suspendue.

À Rome, avant d’entrer en séance, il fallait que les augures assurassent que les dieux étaient propices. L’assemblée commençait par une prière que l’augure prononçait et que le consul répétait après lui.

Il en était de même chez les Athéniens : l’assemblée commençait toujours par un acte religieux. Des prêtres offraient un sacrifice ; puis on traçait un grand cercle en répandant à terre de l’eau lustrale, et c’était dans ce cercle sacré que les citoyens se réunissaient[1]. Avant qu’aucun orateur prit la parole, une prière était prononcée devant un peuple silencieux. On consultait aussi les auspices, et s’il se manifestait dans le ciel quelque signe d’un caractère funeste, l’assemblée se séparait aussitôt[2].

  1. Aristophane, Acharn., 44. Eschine, in Timarch., I, 21 ; in Ctesiph., 176, et Scholiaste Dinarque, in Aristog., 14.
  2. Aristophane, Acharn., 171.