Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’Attique ; on couronne le caducée d’un héraut, parce que le héraut de Thésée a couronné son caducée ; on pousse un certain cri que l’on suppose que le héraut a poussé, et il se fait une procession où chacun porte le costume qui était en usage au temps de Thésée. Il y a un autre jour où l’Athénien ne manque pas de faire bouillir des légumes dans une marmite d’une certaine espèce ; c’est un rite dont l’origine se perd dans une antiquité lointaine, dont on ne connaît plus le sens, mais qu’on renouvelle pieusement chaque année[1].

L’Athénien, comme le Romain, a des jours néfastes ; ces jours-là, on ne se marie pas, on ne commence aucune entreprise, on ne tient pas d’assemblée, on ne rend pas la justice. Le dix-huitième et le dix-neuvième jour de chaque mois sont employés à des purifications. Le jour des Plyntéries, jour néfaste entre tous, on voile la statue de la grande divinité poliade. Au contraire, le jour des Panathénées, le voile de la déesse est porté en grande procession, et tous les citoyens, sans distinction d’âge ni de rang, doivent lui faire cortège. L’Athénien fait des sacrifices pour les récoltes ; il en fait pour le retour de la pluie ou le retour du beau temps ; il en fait pour guérir les maladies et chasser la famine ou la peste[2].

Athènes a ses recueils d’antiques oracles, comme Rome a ses livres Sibyllins, et elle nourrit au Prytanée des hommes qui lui annoncent l’avenir. Dans ses rues on rencontre à chaque pas des devins, des prêtres, des interprètes des songes. L’Athénien croit aux présages ; un éternuement ou un tintement des oreilles l’arrête dans une entreprise. Il ne s’embarque jamais sans avoir interrogé les auspices. Avant de se marier il ne manque pas de consulter

  1. Plutarque, Thésée, 20, 22, 23.
  2. Platon, Lois, VII, p. 800. Philochore, Fragm. Euripide, Suppl., 80.