Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seraient choisis en dehors d’elle et que cette dignité serait accessible à tous les eupatrides ; Quarante ans encore après, pour affaiblir cette royauté ou pour la partager entre plus de mains, on la rendit annuelle et en même temps on la divise en deux magistratures distinctes. Jusque-là l’archonte était en même temps roi ; désormais ces deux titres furent séparés. Un magistrat nommé archonte et un autre magistrat nommé roi se partagèrent les attributions de l’ancienne royauté religieuse. La charge de veiller à la perpétuité des familles, d’autoriser ou d’interdire l’adoption, de recevoir les testaments, de juger en matière de propriété immobilière, toutes choses où la religion se trouvait intéressée, fut dévolue à l’archonte. La charge d’accomplir les sacrifices solennels et celle de juger en matière d’impiété furent réservées au roi. Ainsi le titre de roi, titre sacré qui était nécessaire à la religion, se perpétua dans la cité avec les sacrifices et le culte national. Le roi et l’archonte joints au polémarque et aux six thesmothètes, qui existaient peut-être depuis longtemps, complétèrent le nombre de neuf magistrats annuels, qu’on prit l’habitude d’appeler les neuf archontes, du nom du premier d’entre eux.

La révolution qui enleva à la royauté sa puissance politique, s’opéra sous des formes diverses, dans toutes les cités. À Argos, dès la seconde génération des rois doriens, la royauté fut affaiblie au point « qu’on ne laissa aux descendants de Téménos que le nom de roi sans aucune puissance » ; d’ailleurs cette royauté resta héréditaire pendant plusieurs siècles[1]. À Cyrène les descendants de Battos réunirent d’abord dans leurs mains le sacerdoce et la puissance ; mais à partir de la quatrième génération on ne leur laissa plus que le sacerdoce[2]. À Corinthe la

  1. Pausanias, II, 19.
  2. Hérodote, IV, 161. Diodore, VIII.