Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par un décret spécial. Ce point ressort clairement de ce que Cicéron nous dit de l’ancienne constitution. Ainsi le sacerdoce et la puissance étaient distincts ; ils pouvaient être placés dans les mêmes mains, mais il fallait pour cela doubles comices et double élection.

Le troisième roi les réunit certainement en sa personne. Il eut le sacerdoce et le commandement ; il fut même plus guerrier que prêtre ; il dédaigna et voulut amoindrir la religion qui faisait la force de l’aristocratie. On le voit accueillir dans Rome une foule d’étrangers, en dépit du principe religieux qui les exclut ; il ose même habiter au milieu d’eux, sur le Cœlius. On le voit encore distribuer à des plébéiens quelques terres dont le revenu avait été affecté jusque-là aux frais des sacrifices. Les patriciens l’accusent d’avoir négligé les rites, et même, chose plus grave, de les avoir modifiés et altérés. Aussi meurt-il comme Romulus ; les dieux des patriciens le frappent de la foudre et ses fils avec lui.

Ce coup rend l’autorité au Sénat, qui nomme un roi de son choix. Ancus observe scrupuleusement la religion, fait la guerre le moins qu’il peut et passe sa vie dans les temples. Cher aux patriciens, il meurt dans son lit.

Le cinquième roi est Tarquin, qui a obtenu la royauté malgré le Sénat et par l’appui des classes inférieures. Il est peu religieux, fort incrédule ; il ne faut pas moins qu’un miracle pour le convaincre de la science des augures. Il est l’ennemi des anciennes familles ; il crée des patriciens ; il altère autant qu’il peut la vieille constitution religieuse de la cité. Tarquin est assassiné.

Le sixième roi s’est emparé de la royauté par surprise ; il semble même que le Sénat ne l’ait jamais reconnu comme roi légitime. Il flatte les classes inférieures, leur distribue des terres, méconnaissant le principe du droit de propriété ; il leur donne même