Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/412

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Elle se tenait dans une enceinte consacrée par la religion ; dès le matin, les prêtres avaient fait le tour du Pnyx en immolant des victimes et en appelant la protection des dieux. Le peuple était assis sur des bancs de pierre. Sur une sorte d’estrade élevée se tenaient les prytanes et, en avant, les proèdres qui présidaient l’assemblée. Un autel se trouvait près de la tribune, et la tribune elle-même était réputée une sorte d’autel. Quand tout le monde était assis, un prêtre (κήρυξ) élevait la voix : Gardez le silence, disait-il, le silence religieux (εύφημία) ; priez les dieux et les déesses (et ici il nommait les principales divinités du pays) afin que tout se passe au mieux dans cette assemblée pour le plus grand avantage d’Athènes et la félicité des citoyens. Puis le peuple, ou quelqu’un en son nom répondait : Nous invoquons les dieux pour qu’ils protègent la cité. Puisse l’avis du plus sage prévaloir ! Soit maudit celui qui nous donnerait de mauvais conseils, qui prétendrait changer les décrets et les lois, ou qui révélerait nos secrets à l’ennemi ! [1] Ensuite le héraut, sur l’ordre des présidents, disait de quel sujet l’assemblée devait s’occuper. Ce qui était présenté au peuple devait avoir été déjà discuté et étudié par le Sénat. Le peuple n’avait pas ce qu’on appelle en langage moderne l’initiative. Le Sénat lui apportait un projet de décret ; il pouvait le rejeter ou l’admettre, mais il n’avait pas à délibérer sur autre chose.

Quand le héraut avait donné lecture du projet de décret, la discussion était ouverte. Le héraut disait : Qui veut prendre la parole ? Les orateurs montaient à la tribune, par rang d’âge. Tout homme pouvait parler, sans distinction de fortune ni de profession,

  1. Eschine, I, 23 ; III, 4. Dinarque, II, 14. Démosthène, in Aristocr., 97. Aristophane, Acharn., 43, 44 et Schol. ; Thesmoph.. 295-310.