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Chapitre II — La conquête romaine

Il paraît au premier abord bien surprenant que parmi les mille cités de la Grèce et d’Italie il s’en soit trouvé une qui ait été capable d’assujettir toutes les autres. Ce grand événement est pourtant explicable par les causes ordinaires qui déterminent la marche des affaires humaines. La sagesse de Rome a consisté, comme toute sagesse, à profiter des circonstances favorables qu’elle rencontrait.

On peut distinguer dans l’œuvre de la conquête romaine deux périodes. L’une concorde avec le temps où le vieil esprit municipal avait encore beaucoup de force ; c’est alors que Rome eut à surmonter le plus d’obstacles. La seconde appartient au temps où l’esprit municipal était fort affaibli ; la conquête devint alors facile et s’accomplit rapidement.

1° Quelques mots sur les origines et la population de Rome

Les origines de Rome et la composition de son peuple sont dignes de remarque. Elles expliquent le caractère particulier de sa politique et le rôle exceptionnel qui lui fut dévolu, dès le commencement, au milieu des autres cités.

La race romaine était étrangement mêlée. Le fond principal était latin et originaire d’Albe ; mais ces Albains eux-mêmes, suivant des traditions qu’aucune critique ne nous autorise à rejeter, se composaient de deux populations associées et non confondues : l’une était la race aborigène, véritables Latins ; l’autre était d’origine étrangère, et on la disait venue de Troie, avec Énée, le prêtre-fondateur ; elle était peu nombreuse, suivant. toute apparence, mais elle