Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/461

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de l’Étrurie étaient troublées par les mêmes révolutions et les mêmes luttes, et l’amour de la cité disparaissait. Comme en Grèce, chacun s’attachait volontiers à une ville étrangère, pour faire prévaloir ses opinions ou ses intérêts dans la sienne.

Ces dispositions des esprits firent la fortune de Rome. Elle appuya partout l’aristocratie, et partout aussi l’aristocratie fut son alliée. Citons quelques exemples. La gens Claudia quitta la Sabine parce que les institutions romaines lui plaisaient mieux que celles de son pays. A la même époque, beaucoup de familles latines émigrèrent à Rome, parce qu’elles n’aimaient pas le régime démocratique du Latium et que Rome venait de rétablir le règne du patriciat.[1] A Ardée, l’aristocratie et la plèbe étant en lutte, la plèbe appela les Volsques à son aide, et l’aristocratie livra la ville aux Romains.[2] L’Étrurie était pleine de dissensions ; Veji avait renversé son gouverment aristocratique ; les Romains l’attaquèrent, et les autres villes étrusques, où dominait encore l’aristocratie sacerdotale, refusèrent de secourir les Véiens. La légende ajoute que dans cette guerre les Romains enlevèrent un aruspice véien et se firent livrer des oracles qui leur assuraient la victoire ; cette légende ne signifie-t-elle pas que les prêtres étrusques ouvrirent la ville aux Romains ?

Plus tard, lorsque Capoue se révolta contre Rome, on remarqua que les chevaliers, c’est-à-dire le corps aristocratique, ne prirent pas part à cette insurrection.[3] En 313, les villes d’Ausona, de Sora, de Minturne, de Vescia furent livrées aux Romains par le parti aristocratique.[4] Lorsqu’on vit les Étrusques se coaliser contre Rome, c’est que le gouvernement populaire s’était établi chez eux ; une seule ville, celle d’

  1. Denys, VI, 2.
  2. Tite Live, IV, 9, 10.
  3. Tite Live, VIII, 11.
  4. Tite Live, IX, 24, 25.