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posait pour ainsi dire de trois actes. Le premier se passait devant le foyer du père, έγγύσις ; le troisième au foyer du mari, τέδσς ; le second était le passage de l’un à l’autre, πομπή[1].

1° Dans la maison paternelle, en présence du prétendant, le père entouré ordinairement de sa famille offre un sacrifice. Le sacrifice terminé, il déclare, en prononçant une formule sacramentelle, qu’il donne sa fille au jeune homme. Cette déclaration est tout à fait indispensable au mariage. Car la jeune fille ne pourrait pas aller, tout à l’heure, adorer le foyer de l’époux, si son père ne l’avait pas préalablement détachée du foyer paternel. Pour qu’elle entre dans sa nouvelle religion, elle doit être dégagée de tout lien et de toute attache avec sa religion première.

2° La jeune fille est transportée à la maison du mari. Quelquefois c’est le mari lui-même qui la conduit. Dans certaines villes la charge d’amener la jeune fille appartient à un de ces hommes qui étaient revêtus chez les Grecs d’un caractère sacerdotal et qu’ils appelaient hérauts. La jeune fille est ordinairement placée sur un char ; elle a le visage couvert d’un voile et sur la tête une couronne. La couronne, comme nous aurons souvent l’occasion de le voir, était en usage dans toutes les cérémonies du culte. Sa robe est blanche. Le blanc était la couleur des vêtements dans tous les actes religieux. On la précède en portant un flambeau ; c’est le flambeau nuptial. Dans tout le parcours, on chante autour d’elle un hymne religieux, qui a pour refrain ώ ύμήν, ώ ύμέναιε. On appelait cet

  1. Homère, Il., XVIII, 391. Hésiode, Scutum, v. 275. Hérodote, VI, 129, 130. Plutarque, Thesée, 10 ; Lycurgue, passim ; Solon, 20 ; Aristide, 20 ; Quest. gr., 27. Démosthène, in Stephanum, II. Isée, III, 39. Euripide, Hélène, 722-725 ; Phén. , 345. Harpocration, v. Γαμήδια. Pollux, III, c. 3. — Même usage Chez les Macédoniens. Quinte-Curce, VIII, 16.