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CHAP. I. CROYANCES SDR L'AME ET aUR LA MORT. 13

Ovide et Virgile nous ont donné la description de cette cérémonie dont l'usage s'était conservé intact jusqu'à leur épo- que, quoique les croyances se fussent déjà transformées. Ils nous montrent qu'on entourait le tombeau de vastes guir- landes d'herbes et de fleurs, qu'or y plaçait des gâteaux, des fruits, du sel, et qu'on y versait du lait, du vin, quelquefois le sang d'une victime^

On se tromperait beaucoup si l'on croyait que ce repas funèbre n'était qu'une sorte de commémoration. La nourriture que la famille apportait était réellement pour le mort, exclu- sivement pour lui. Ce qui le prouve, c'est que le lait et le vin étaient répandus sur la terre du tombeau ; qu'un trou était creusé pour faire parvenir les aliments solides jusqu'au mort: que, si l'on immolait une victime, toutes les chairs en étaient brûlées pour qu'aucun vivant n'en eût sa part; que l'on prononçait certaines formules consacrées pour convier le mort à manger et à boire; que, si la famille entière assistait à ce repas, encore ne touchait-elle pas aux mets; qu'enfin, en se

ron, De legibus, II, 21 ; majores nostri morluis parentaH voluerunt. Lucrèce, m, 52 : Parentanl et nigras mactant pecudes et Manibu* divis inferias mitlunt. Virgile, En., VI, 380 : tumulo solemnia mittent ; IX, 214 : absenti ferai inferias decorelque sepulcro. Ovide, Amor., I, 13, 3 : annua solemni cœde parental avis. — Ces offrandes auxquelles les morts avaient droit s'appe- laient Manium jura, Cicéron, De legib., II, 21. Cicéron y fait allusion dans le pro Flacco, 38, et dans la première Philippique,6. — Ces usages étaient encore observés au temps de Tacite {Hisl., II, 95); Tertallien les attaque comme étant encore en pleine vigueur de son temps : Defunctis par entant, quos escam desiderare prœsumani {De resurr. carnis, I) ; Defunctos vocas securos, si quando extra portam cum obêoniis et matteis parentans ad busta recedit (De tMttm. animée, 4).

Solemnes tum forte dapes et tristia dona

Libabat cineri Andromache manesque vocabat

Hectoreum ad tumulum. (Virgile, En., III, 301-SOS.)

— Hic duo rite mero libans carchesia Baccho

Fundit faumi, duo lacté novo, duo sanguine sacro

Purpureisque jacit flores ac talia fatur :

Salve, sancte parens, animaeque umbraeque paieras.

(Virgile, En., V, 7»-81.)

Est honor et tumulis ; animas placate pateraas. .... Et sparMB fruges parcaque mica sslis hqM BMTO molliu eerea vioUeqae solata.

(Onde, Fasl., Q, M»-S42).

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