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Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/280

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272 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

Athènes, la distinction originaire entre les Eupatrides et les rhètes ; à Sparte, on trouve la classe des Égaux et celle des Inférieurs: en Eubée, celle des chevaliers et celle du peuple. L'histoire de Rome est pleine de la lutte entre les patriciens et les plébéiens, lutte que l'on retrouve dans toutes les cités sabines, latines et étrusques. On peut mênae remarquer que plus haut on remonte dans l'histoire de la Grèce et de l'Italie, plus la distinction apparaît profonde et les rangs fortement marqués : preuve certaine que l'inégalité ne s'est pas formée à la longue, mais qu'elle a existé dès l'origine et qu'elle est contemporaine de la naissance des cités.

11 importe de rechercher sur quels principes reposait cette division des classes. On pourra voir ainsi plus facilement en vertu de quelles idées ou de quels besoins les luttes vont s'en- gager, ce que les classes inférieures /mt réclamer, et au nom de quels principes les classes supérieures défendront leur em- pire.

On a vu plus haut que la cité était née de la confédération des familles et des tribus. Or, avant le jour où la cité se forma, la famille contenait déjà en elle-même cette distinction de classes. En effet la famille ne se démembrait pas -, elle était indivisible comme la religion primitive du foyer. Le fils aîné, succédant seul au père, prenait en main le sacerdoce, la pro- priété, l'autorité, et ses frères étaient à son égard ce qu'ils avaient été à l'égard du père. De génération en génération, d'aîné en aîné, il n'y avait toujours qu'un chef de famille ; il présidait au sacrifice, disait la prière, jugeait, gouvernait. A lui seul, à l'origine, appartenait le titre de pater; car ce mot qui désignait la puissance et non pas la paternité, n'a pu s'ap- pliquer alors qu'au chef de la famille. Ses fils, ses frères^ ses serviteurs, tous l'appelaient ainsh

Voilà donc dans la constitution intime de la famille un pre- mier principe d'inégalité. L'aîné est privilégié pour le culte, pour la succession, pour le commandement. Après plusieurs générations il se forme naturellement, dans chacune de ces grandes familles, des branches cadettes qui sont, par la reli- gion et pa. la coutume, dans un état d'infériorité ▼i»-à-vis d« 

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