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CHap. IV. LÀ RELIGION DOMESTIQUE. 35

non loin de la porte, a afin,^t un ancien, que les fils, en en«  trant ou en sortant de leur demeure, rencontrassent chaque fois leurs pères, et chaque fois leur adressassent une invoca- tion* ». Ainsi l'ancêtre restait au milieu des siens ; invisible, mais toujours présent, il continuait à faire partie de la famille et à en être le père. Lui immortel, lui heureux, "lui divin, il s'intéressait à ce qu'il avait laissé de morte) sur ka terre ; il en savait les besoins, il en soutenait la faiblesse. Et celui qui vivait encore, qui travaillait, qui, selon l'expression antique, ne s'était pas encore acquitté de l'existence, celui-là avait près de lui ses guides et ses appuis : c'étaient ses pères. Au milieu des difficultés, il invoquait leur. antique sagesse; dans le cha- grin il leur demandait une consolation, dans le danger un soutien, après une faute son pardon.

Assurément nous avons beaucoup de peine aujourd'hui à comprendre que l'homme pût adorer son père ou son ancêtre. Faire de l'homme un dieu nous semble le contre-pied de la religion. Il nous est presque aussi difficile de comprendre les vieilles croyances de ces hommes- qu'il l'eût été à eux d'ima- giner les nôtres. Mais songeons que les anciens n'avaient paa l'idée de la création ; dès lors le mystère de la génération était pour eux ce que le mystère de la» création peut être pour nous» Le générateur leur paraissait un être divin, et ils adoraient leur ancêtre. 11 faut que ce sentiment ait été bien ' naturel et bien puissant, car il apparaît comme principe d'une, religion h l'origme de presque toutes les sociétés humaines; on le trouve chez les Chinois comme chez les anciens Gètes et les Scythes, îhez les peuplades de l'Afrique comme chez celles du Nou- veau-Monde*.

Le feu sacré, qui était associé si étroitement au culte des morts, avait aussi pour caractère essentiel d'appartenir en propre k chaque famille. Il représentait les ancêtres»; il était

1. Euripide, Hélène, 1 163-1 IM.

2. Chez lea Élrusqaes et les Romaini il iUit d'a8ag«~qne diatjae famille reli< fieuse gardit les images de ses ancêtres rangées autour de l'atrium. Ces images étaient-elles de simples portraits de famille ou des idoles?

S. 'Erc(> <«;&«, focus palrius. De mèpie dans Us Védai Af li a«t MMr«  larcqué quelquefois cornue dieu domcstiqiM.

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