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Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/469

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CIIAP. 111. LE CIHUST1AN15ME. 461

humain est ordonné dans l'uni lé. » On enseigna même a:;i peuples qu'ils descendaient tous d'un même père commuii. Avec l'unité de Dieu, l'unité de la race humaine apparut aux esprits; et ce fut dès lors' une nécessité de la religion de dé- fendre à riiotnme de liaïr les autres hommes.

Pour ce qui est du gouvernement de l'État, on peut dire que le christianisme l'a transformé dans son essence, précisé- ment parce qu'il ne s'en est pas occupé. Dans les vieux âges, la religion et l'Etat ne faisaient qu'un; chaque peuple adorait son dieu, et chaque dieu gouvernait son peuple ; le même code réglait les relations entre les hommes et les devoirs envers les dieux de la ci lé. La religion commandait alors à l'État, et lui désignait ses chefs par la voix du sort ou par celle des auspices ; l'Etat, à son tour, intervenait dans le domaine de la conscience et punissait toute infraction aux riteset au culle de la cité. Au lieu de cela, Jésus-Chrisl enseigne que son em- pire n'est pas de ce monde, il sépare la religion du gouverne- ment. La religion, n'étant plus terrestre, ne se inèle plus que le moins qu'elle peut aux choses de la terre. Jésus-Christ ajoute : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.» C'csl la première fois que l'on distinguait si nette- ment Dieu de l'Etat. Car César, à cette époque, était encore le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances; il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sucrée et divine; car c'était précisément un des traits de la politique des empereurs, quo, voulant reprendre les attri- buts de la royauté antique, ils n'avaient garde d'oublier ce caractère divin que l'antiquité avait attaché aux rois-pontifes et aux prêtres-fondateurs. Mais voici que Jésus-Christ bris* cette alliance que le paganisme et l'empire voulaient renouer; il proclame que la religion n'est plus l'Étal, et qu'obéir à Cé- sar n'est plus la même chose qu'obéir à Dieu.

Le cl risUan'snio achève de renverser les cultes locaux; ij éteinl les piylanées, brise définitivement les divinités poliades. Il fait plub : il ne prend pas pour lui l'empire que ces cultea avaient exercé sur la société civile. Il professe qu'entre l'Étal

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