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GHAP. VI. LB DROIT DE PROPRIÉTÉ. 67

Dans cette maison la famille est maîtresse et propriétaire ; c'est sa divinité domestique qui lui assure son droit. La mai- son est consacrée par la présence perpétuelle des dieux ; elle est le temple qui les garde, o Qu'y a-t-il de plus sacré, dit Gicéron, que la demeure de chaque homme ? Là est l'autel ; là brille le feu sacré ; là sont les choses saintes et la religion'». A pénétrer dans cette maison avec des intentions malveillantes il y avait sacrilège. Le domicile était inviolable. Suivant une tradition romaine, le dieu domestique repoussait le voleur et écartait l'ennemi '.

Passons à un autre objet du culte, le tomi)eau, et nous ver- rons que les mêmes idées s'y attachaient. Le tombeau avait une grande importance dans la religion des anciens •, car d'une part on devait un culte aux ancêtres, et d'autre part la princi- pale cérémonie de ce culte, c'est-à-dire le repas funèbre, devait être accomplie sur le lieu même où les ancêtres reposaient?. La famille avait donc un tombeau commun où ses membres devaient venir reposer l'un après l'autre. Pour ce tombeau la règle était la même que pour le foyer : il n'était pas plus permis d'unir deux familles dans une même sépulture qu'il ne l'était d'unir deux foyers domestiques en une seule maison. C'était une égale impiété d'enterrer un mort hors du tombeau de sa famille ou de placer dans ce tombeau le corps d'un étranger*. La religion domestique, soit dans la vie, soit dans la mort, séparait chaque famille de toutes les autres et écar- tait sévèrement toute apparence de communauté. De même que les maisons ne devaient pas être contiguës, les tombeaux ne devaient pas se toucher; chacun d'eux avait, comme la maison, une sorte d'enceinte isolante.

1. Cicéron, Pro domo, 41. a. Otide, Fastes, V, 141.

3. Telle était du moins la règle antique, puisqne Ton croyait que U repas fanèbre serrait d'aliment aux morts. Voy. Euripide, Troyennes, 381 (389).

4. Cicéron, Z)e legib.,U,22; II, 26. Gaïus, Intlit., II, 6. /ît^M/e, Ht. XLVII, (it. 13. 11 faut noter que l'esclave et le client, c<)mme nous le verrons plus loin, faisaient partie de la famille, et étaient enterrés dans le tombeau crmmun. — La règle qai prescrivait que chaque homme fût enterré dans le tombeau de la famille ■oaSrail une uc«pUon daos U cas oè U cité ell«-Biiai« '«'lordait 1m faoérailles

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