Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/312

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neuf heures, escorté d’une troupe de danseurs, les jeunes gens s’empressaient de préparer pour la danse la grange ou le poèle ; on juchait le ménétrier sur une estrade improvisée et les couples valsaient joyeusement au son du violon.

La commère qui tenait la grande loure, débitait aux amateurs des petits verres d’eau-de-vie ; peu à peu les têtes se montaient ; vers minuit il n’était pas rare de voir des coups échangés et une mêlée générale mettre fin à la danse. Des jalousies à propos de frais minois, des rancunes de section à section, de vieilles querelles à vider, c’était assez pour provoquer des rixes parfois sanglantes.

Au reste cette distribution de coups de poing semblait être une partie essentielle de la grande loure ; les garçons amoureux des chicanes, se posaient, avant l’assemblée, la question suivante, bien topique : « On s’bettré? » (on se battra ?) condition sine qua non de leur apparition à la soirée[1].

Les grandes loures n’existent plus ; mais l’habitude des veillées reste néanmoins vivace dans la montagne, et si la clarinette y a remplacé le violon, le goût de la danse n’en est pas moins accentué.

Légendes

C’est pendant les veillées que nous venons de rappeler que se redisaient les légendes, presque toutes spéciales à Gérardmer. Nous allons raconter les plus intéressantes, celles que nous avons pour la plupart, recueillies de la bouche même des vieux montagnards.

  1. D’après des témoins oculaires.