Page:Géraldy - Les Petites Âmes, 1908.djvu/37

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Le soir se suspendait au geste de tes mains.
Les passantes troublées s’arrêtaient sur la route.
Et n’en pouvant aimer aucune, surhumains,
tes bras s’ouvraient tout grands pour mieux les aimer toutes.

Leurs corps d’ombre, à l’appel de tes bras blancs en croix,
tendaient le pauvre orgueil de leurs lourdes poitrines.
Ta bouche, pour trouver la parole divine,
s’aidait de ces parfums d’amour lâchés vers toi,

et l’Homme créa Dieu de la faiblesse humaine…
— Jésus, amour, lorsque les mots spirituels
descendaient de ta lèvre au front de Madeleine,
c’est au fond de ses yeux que tu cherchais le ciel.

Et c’est pourquoi, tremblant, dans ton orgueil céleste,
que sur son corps ton geste ouvert ne se fermât,
pour conserver là-haut la splendeur de ton geste,
au fond du ciel sanglant, tu fis clouer tes bras.