il faut que je vous envoie mon plan ou que je vous le porte moi-même. Alors nous aurons à traiter bien des questions délicates, dont je ne puis rien vous dire encore maintenant. Si mon sujet n’est décidément pas purement épique, bien qu’intéressant et important à plus d’un point de vue, il faudra chercher sous quelle autre forme il doit être traité. Portez-vous bien, jouissez de votre jardin et de la guérison de votre petit garçon.
J’ai passé mon temps avec Humboldt[1] de la manière la plus agréable et la plus utile. Sa présence a encore une fois réveillé mes travaux d’histoire naturel de leur sommeil d’hiver ; pourvu qu’ils ne retombent pas bientôt dans un sommeil de printemps.
Je ne puis m’empêcher de vous poser encore une question sur notre affaire dramatico-épique. Que pensez vous des propositions suivantes ?
Dans la tragédie, le destin ou, ce qui est la même chose, la nature déterminée de l’homme, qui le conduit çà et là en aveugle, doit régner en maître ; il ne doit pas pousser l’homme vers son but, mais l’en éloigner ; le héros ne peut y être complétement maître de sa raison ; la raison, dans la tragédie, ne peut s’égarer que chez les personnages secondaires et au désavantage du héros, etc.
Dans l’épopée, c’est tout le contraire ; la sagesse seule, comme dans l’Odyssée, ou une passion raisonnable, comme dans l’Iliade, sont les seuls agents épiques. Le voyage des Argonautes, à son titre de simple aventure, n’est pas épique[2].