8.
Vos idées s’accordent avec les miennes, et vous êtes satisfait de l’expression que je leur ai donnée : c’est une grande joie pour moi, et un encouragement bien nécessaire à persévérer dans la voie où je suis entré. À la vérité, tout ce qui est du domaine de la pure raison, ou qui en a l’apparence, devrait reposer sur des bases objectives solides, et porter en soi le critérium de la vérité ; mais une telle philosophie est encore à venir, et la mienne en est bien éloignée. Après tout, le point capital dépend du témoignage du sentiment, et il faut bien recourir à une sanction subjective, qui ne peut se rencontrer que dans l’accord des esprits sincères. Sur ce point, l’assentiment de Meyer est à mes yeux important et précieux ; il me console de l’opposition de Herder, qui ne peut, parait-il, me pardonner mes croyances kantiennes. Je n’attends pas d’ailleurs des adversaires de la nouvelle philosophie la tolérance que l’on pourrait accorder à tout autre système, dont on ne serait pas parvenu à se convaincre ; car la philosophie kantienne n’admet elle-même sur les points essentiels aucune tolérance, et elle a un caractère de rigueur trop marqué pour qu’un accommodement avec elle soit possible. Mais, à mes yeux, c’est un honneur pour elle ; car c’est une preuve qu’elle ne peut supporter l’arbitraire. Aussi n’a-t-on pas raison d’une telle philosophie avec de simples hochements de tête. C’est dans le champ ouvert, lumineux et accessible de l’examen, qu’elle bâtit son système ; elle ne cherche pas l’ombre ; elle ne réserve aucune part au sentiment person-