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Page:Gérard - Correspondance choisie de Gœthe et Schiller, 1877.djvu/44

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génie poétique le plus pur. Il y a quelques traits dont j’ai regretté l’absence ; mais je comprends qu’il fallait les sacrifier. Il y a d’autres points sur lesquels je suis resté en doute ; je vous les indiquerai en vous renvoyant le manuscrit.

Puisque vous m’invitez à vous dire ce que souhaite avoir de votre main pour nos premiers numéros, je vous rappellerai votre idée de traiter le sujet de l’Honnête procureur de Boccace. Je préfère de beaucoup en elle-même la production à la recherche ; mais je suis d’autant plus de cet avis, en ce moment, que dans les trois premiers numéros des Heures, on philosophe déjà un peu trop, et qu’il y a disette d’œuvres poétiques. Sans cela, je vous parlerais de votre essai sur la peinture de paysage[1]. Suivant les arrangements actuels, le troisième numéro des Heures devrait paraître au commencement de janvier. Je compte que dans le premier numéro, nous aurons les élégies et votre première épître : dans le second, la deuxième épître[2], et ce que vous pourrez encore nous envoyer cette semaine ; dans le troisième, encore une épître, et l’histoire tirée de Boccace : c’en est assez pour assurer la valeur de chacun de ces numéros.

Je m’occuperai certainement des Chevaliers de Malte[3], dès que j’aurai achevé mes lettres esthétiques[4], dont vous n’avez encore lu que le tiers, et un petit essai sur le Naïf ; mais tout cela pourrait bien me conduire jusqu’à la fin de l’année. Je ne puis donc promettre cette pièce pour le jour de naissance de la duchesse[5] : mais je pense en venir à bout pour la fin de l’hiver. Je parle là comme un homme sain et robuste qui peut disposer de son temps : mais arrivé à l’exécution, le non-moi pourra bien me rappeler son existence.

Conservez-nous votre bon souvenir : vous vivez toujours dans le nôtre.

Schiller.
  1. Il s’agit d’un essai sur la peinture de paysage, auquel Gœthe, fort occupé, on le sait, de toutes les questions artistiques, songeait à cette époque.
  2. Épitres en vers écrites par Gœthe.
  3. Les Chevaliers de Malte ; Schiller parait s’être beaucoup occupé de ce sujet ; il en reste une preuve dans sa préface à l’histoire des Chevaliers de Malte, par Vertot.
  4. Lettres de Schiller sur l’Esthétique
  5. La grande-duchesse de Saxe-Weimar.