maison célèbre à Strasbourg, ne valaient pas beaucoup mieux, si l’on en croit ce distique populaire qui courait notre pays, et où se peint leur vie dissolue :
Kleid aus, Kleid an, essen, trinken, schlafen gan,
Ist die Arbeit so die deutschen Herren han.
(Se déshabiller, s’habiller, manger, boire et dormir, voilà tout le travail de messieurs les chevaliers teutoniques.)
Le monde profane était-il meilleur ? Hélas ! non. Qu’on lise les sermons de Geiler, les poëmes satiriques de Thomas Murner, ceux de Fischart, les pamphlets de la Réforme, et le Narrenschiff de Sébastien Brant, et l’on y trouvera les peintures les plus vives et les condamnations les plus véhémentes des entraînements sensuels qui emportaient toute la société alsacienne, noblesse, bourgeoisie et paysans. Citer est une œuvre impossible ; il faut contempler le tableau dans son ensemble. Mais qu’on jette seulement les yeux sur le XVIe chapitre du Narrenschiff intitulé : von Füllen und Prassen, c’est-à-dire des débordements de la gourmandise et de la débauche de table, et l’on reconnaîtra, à la crudité du langage autant qu’à l’âpreté des censures, que les mangeries alsaciennes étaient parvenues, au quinzième siècle, à un état d’habitude et de persistance qui formait un des traits les plus expressifs du caractère national.
Après les poëtes, voici les philosophes, les historiens, les observateurs. Écoutons-les.
« Les Alsaciens », dit Jérôme Gebwiler, « donnent très souvent des repas ; ils sont dans l’usage de célébrer des festins soit pour féliciter leurs familles des accroissements qui y surviennent, soit pour répandre quelque consolation sur les événements funèbres qui leur enlèvent leurs parents[1]. » Beatus Rhenanus caractérisait la population de Schlestadt dans les termes suivants : Populus tenuis ac simplex, præterea commessationibus paulo addictior[2], c’est-