Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/178

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ses deniers. On découvrit, en effet, après la chute et l’arrestation du préteur, qu’il avait eu le talent piquant de régaler les rigides surveillants de la fortune publique aux dépens du trésor de la ville, avec 1.149 livres et 8 sols[1]. Voilà un homme qui poussait un peu loin la passion de faire fleurir la vieille convivialité alsacienne.

La ville de Schlestadt paraît avoir possédé un corps de magistrats modèles dans l’art de mêler l’agréable à l’utile, dans la science de manger vertueusement les deniers publics, en bonne compagnie et sous la protection de justes motifs. Il existe un règlement du seizième siècle, rapporté en substance dans un opuscule manuscrit de Jérôme Gebwiler, qui a pour objet de déterminer le nombre et l’application des repas officiels que la ville accorde à ses administrateurs et agents de divers degrés. J’en présente une simple analyse, mais elle suffira pour donner une idée exacte des occupations que les officiers de la ville s’étaient imposées en dehors de leurs fonctions effectives : la veille de la Saint-Michel, quand le représentant du landvogt assiste à la séance du sénat, repas de bienvenue ; le jour de la Saint-Michel, après l’assemblée générale du sénat, grand festin ; tout le conseil y est convié ainsi que tous les fonctionnaires de la ville ; le samedi qui précède le Schwörtag, repas en l’honneur du schultheiss ; le jour du Schwörtag, qui est le premier dimanche après la Saint-Michel, repas de gala ; aux fêtes de Noël et de Pâques, la ville paie un repas à chacun des serviteurs de la commune ; le deuxième dimanche de carême (Altfasnacht), nouveau repas ; dans la semaine sainte, quand on fait l’inspection du ban, gratification d’un repas à chaque söldner ; item, à chaque procession qui se fait avec les croix ; item, à l’Ascension et à la Fête-Dieu, aux messieurs de ville qui ont porté le dais et aux agents qui l’ont accompagné ; item, aux trois foires de Pentecôte, de Burner et de Sainte-Élisabeth ; item, lors du serment que prêtent à la Saint-Jean et à Noël les gens de métier

  1. Friese, Vater. Gesch., t. IV, p. 78.