Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/189

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sucre de Strasbourg, et, de chaque côté, deux beaux pains de sucre de la raffinerie du Sr Dürr, surmontés de deux aigles de sucre candi blanc. Seize garçons boulangers, fils de maîtres, habillés de casimir gris, gilet blanc, avec bonnets de boulangers et tabliers blancs, suivaient les maîtres. » — Dans la section des brasseurs et tonneliers, on voyait « entre une haie de douze jeunes filles vêtues de blanc et de douze jeunes gens aussi en blanc, un haquet sur lequel étaient placés deux tonneaux embellis de peintures, de 500 litres chacun. Les robinets étaient dorés au feu, et chaque porte était ornée d’une aigle d’or ; au-dessus un jeune enfant, représentant Bacchus, tenait un flacon et une coupe et portait la santé de LL. MM. Le haquet était suivi par un groupe d’autres demoiselles et jeunes gens, au nombre de 24, habillés et costumés comme les précédents ». — Dans l’essaim des bouchers figuraient « 40 demoiselles ; 24 vêtues de blanc, étaient suivies de 8 autres en blanc avec spencer rouges, et celles-ci de 8 en robes noires, tabliers blancs et spencer rouges. Au milieu du groupe, deux bergers et deux bergères conduisaient deux agneaux ornés de rubans. Venait ensuite le chef aux abats, armé de sa hache, ses aides à ses côtés. Il portait un gilet blanc, veste rouge, cravate noire, bonnet et tablier blancs, culotte noire, bas de soie blancs, boucles de souliers en argent ; son coutelas était suspendu à une courroie rouge. Il était suivi de deux bœufs gras, blanc fauve, à cornes dorées, conduits et escortés par 24 jeunes fils de bouchers, tous habillés comme lui. Les maîtres fermaient la marche[1] ». Ces trois groupes exprimaient exactement la physionomie de l’époque : la fadeur sentimentale, la littérature mythologique et la familiarité avec les idées de destruction. Où allait ce cortège que l’historiographe fait monter à plus de 8.000 acteurs ? Il se rendait, entouré de cent mille spectateurs, à la Robertsau, pour voir le banquet monstre donné par Marie-Louise à 8.000 soldats qui avaient battu son père

  1. Annuaire du Bas-Rhin, année 1811, pp. 134-166.