Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/191

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les enfants, que l’on gratifiait de jouets, de bonbons, de fruits et de gâteaux ; la Saint-Hubert, jour de liesse des chasseurs ; le jour de l’an, fête générale ; la Saint-Sébastien, fête des compagnies d’arbalétriers et d’arquebusiers ; la Saint-Étienne, jour de frairie populaire, à Strasbourg notamment ; la Saint-Valentin, jour orgiaque des célibataires qui se félicitent d’avoir échappé au joug conjugal ; la Saint-Sylvestre, nuit d’adieu à l’année vieillie qui va mourir ; le jour des Rois et bien d’autres encore.

Je m’arrêterai un moment à la veille de Noël. C’était autrefois une importante réjouissance dans les familles. La poétique cérémonie de la messe de minuit était attendue dans les longues heures d’une veillée moitié profane, moitié recueillie. Une collation précédait la messe nocturne ; le pesant gâteau de poires (Birewecke, en patois lorrain Rema) y figurait de nécessité. Aux environs de Haguenau, on offrait des compotes et des pains d’épices :


Do noch so kumett der Wihenacht Obent
Das erberliite zu Hantgifft gebent
Einic Latwerige, einic Lebekuchen[1].


(Puis vient la soirée de Noël où les honnêtes gens aisés donnent en cadeau quelques confitures et quelques pains d’épices.)


Au retour de la messe on faisait réveillon. Dans les communes de langue française ou lorraine, comme le pays de Belfort, le val d’Orbey, les vallées de Lièpvre, de Villé, de Schirmeck, les montagnes de Dabo, les mets traditionnels du réveillon étaient les saucisses, les boudins, les andouilles, le jambon, la charcuterie de ménage[2]. Dans les villages allemands, les usages étaient variables, divers. Dans tout le pays compris entre Barr et Wissembourg, la veillée de Noël portait le nom de Sperrnacht, parce que l’on enrayait les rouets des fileuses pour plusieurs jours. Les

  1. Conrad de Dankrotzheim, Heiliges Namenbuch, édition Strobel. Strasbourg, 1827, p. 122.
  2. Richard, Traditions populaires de la Lorraine, p. 249.