Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/232

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comprenaient déjà plusieurs espèces, car l’empereur dit expressément que l’on entretiendra les diverses variétés de ces arbres fruitiers. Le capitulaire ne nous a laissé qu’un essai de nomenclature des espèces de pommes alors régnantes ; il nous fait connaître les Gormaringa, les Geroldinga, les Crevedella, les Spirauca, les Dulcia. Un et cætera malencontreux nous dérobe le reste[1].

Les Annales des Dominicains de Colmar nous font connaître au treizième siècle trois espèces de poires : les royales, les Regelsbiren et les Gigilsbiren ; ces deux dernières espèces furent tellement abondantes en 1278 que l’on en donnait 40 et 50 pour un denier[2]. Le même document nous apprend que le bittig de pommes dites Grunacher se vendit la même année 5 deniers, et qu’à cette époque les pêchers étaient déjà communs dans nos campagnes[3]. Geiler parle des Schiltbiren. Un passage de Closener fait voir qu’au quatorzième siècle la culture des figuiers était très-répandue dans la région du vignoble. En 1362, un bourgeois de Strasbourg, qui exploitait des propriétés à Heiligenstein, donnait une livre de figues de sa récolte pour une livre de pois[4].

Au seizième siècle, nous trouvons l’amandier installé dans nos jardins[5] ; Bock comptait dans notre pays seize espèces de pommes : Johannisæpfel, Augstæpfel, Süssæpfel, Schragen ou Herrgottsæpfel, Stromelting, Gensæpfel, Paradysæpfel, Kolæpfel, Weinæpfel, Stremling, Speyerling, Frauenæpfel, Heimelting, Würtzæpfel et Hermelting ; ces trois dernières étaient les meilleures. On connaissait aussi alors vingt variétés de poires : Mecherling, Alandsbiren, Kochbiren, Schmalzbiren, Fleischbiren, Bocksbiren, Sommerbiren, Pfaffenbiren, Reyelsbiren, Rundebiren, Kirchbiren, Winterbiren, Lenhartsbiren, Schiffersbiren, Wallenbiren, Mullingsbiren, Lamlosen, Neustatterbiren, Holzbiren et Geisbonen.

  1. Corp. jur. german., édition Heineccius, p. 620.
  2. Annales des Dominicains de Colmar, édition de 1854, p. 75.
  3. Idem, p. 201.
  4. Closener, Chronick, p. 112.
  5. Rösslin, Das Wasgauische Gebirg, p. 22.