faire naître l’envie d’épurer les mœurs et de les accorder avec l’austérité du culte protestant.
Je crois sincèrement que le protestantisme, dans le temps de sa première ferveur, a beaucoup contribué à l’amélioration des mœurs publiques en Alsace, non-seulement là où il dominait, parmi ses propres croyants, mais aussi parmi ses adversaires, dans les contrées qui voyaient le spectacle de ses exemples et qui recevaient la contagion salutaire de l’amendement qu’il portait dans les habitudes de la vie domestique.
Je vais parcourir quelques-uns de ces documents curieux connus dans notre histoire sous le nom de Polizei-Ordnungen, dans lesquels on saisit, à la fois l’état des mœurs anciennes, les excès et les dérèglements qui les avaient perverties, et le zèle réformateur qui s’efforçait tantôt de les purifier radicalement, tantôt seulement de les purger de leurs corruptions les plus choquantes. Je ne m’occuperai ni des vêtements, ni des jeux, ni de la sanctification du dimanche, ni des blasphèmes et des jurements, ni de l’éducation des enfants, ni de la police relative aux domestiques, ni des danses, etc. Je me restreindrai, comme je le dois, aux particularités qui rentrent directement dans le cadre de cette étude.
L’on possède une rédaction de la célèbre Coutume de Ferrette, écrite en 1567 ; même dans l’agreste Sundgau, qui confine à la Suisse et qui a quelque chose de son air, de ses mœurs et de son langage, les excès de la bonne chère et surtout l’exagération numérique des convives aux festins de famille avaient ému la sollicitude de l’autorité autrichienne. La Coutume fait défense expresse d’inviter plus de vingt personnes aux repas de noces, et de servir plus de quatre plats, non compris le fromage et les fruits ; pour chaque personne régalée en délit, il sera payé une amende de deux livres, et pour chaque plat de contrebande une amende d’une livre et dix schillings. Cette disposition est commune à toute espèce de banquets et de festins. Nul ne pourra avoir d’hôtes, parents et étrangers, aux fêtes patronales (Kilwe, Kilbe), qu’il veuille les traiter dans sa maison ou hors de