Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/268

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à Landau, à Strasbourg ; ces villes en possédaient de très-détaillés. Colmar, Haguenau, Schlestadt, Munster, Turckheim, Obernai, Rosheim n’avaient que des coutumes traditionnelles ou des dispositions éparses. J’analyserai un de ces règlements, celui de Wissembourg ; il donnera une idée générale de ces monuments de l’ancienne police somptuaire de notre pays.

La Polizei-Ordnung de Wissembourg date de 1577. Elle fut renouvelée et amendée en 1614 « parce que, dit le préambule, en ces temps de perversité et de corruption, l’impiété, le désordre des mœurs et le libertinage vont s’accroissant et menacent de prendre le dessus ». Il est interdit de mettre en vente des fruits pendant le prêche, sous peine de confiscation. Les repas de noce « qui donnent lieu à tant d’abus, de désordres et d’inutiles dépenses, sont soumis, de l’ordre et volonté expresse de l’autorité », à la réforme suivante : l’on ne pourra inviter au delà de 60 personnes aux banquets de noces qui se tiennent à l’auberge et dans lesquels chaque convive paie son écot (Irtenhochzeit), sous peine de 1 florin d’amende par chaque excédant de cinq personnes ; il est interdit aux invités de se réunir et faire festin dans une auberge autre que celle désignée pour la noce ; la célébration religieuse du mariage doit se faire au plus tard à neuf heures du matin, et le repas sera servi à dix heures ou à dix heures et demie par tolérance. Au coup de deux heures il devra être terminé et la séance levée. Le souper commencera à six heures pour être rigoureusement achevé à dix. Les lendemains sont et demeurent interdits, ainsi que les veilles. On supprime aussi l’usage de donner, le troisième jour après les noces, certains régals couverts du prétexte de la pêche ou du bain ; on doit se contenter d’un souper, fait en dedans des murs de la ville, et que le règlement appelle crûment « un mauvais souper », ce qui veut dire, sans aucun doute, simple et modeste. Dans les mariages entre veufs et veuves, il n’y aura point de festin le jour, les époux se contenteront d’un souper ; défense expresse d’y inviter des filles ; mais quand un garçon épouse une veuve, les mariés auront le droit de tenir les deux