Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/299

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la vaisselle qu’en nos hostelleries de France[1] ». Elle était toujours exposée et bien rangée sur de vastes desservants, généralement dans la cuisine, quelquefois sur des dressoirs dans le poêle. Du temps de Grandidier, on conservait dans les archives de l’évêché une partie de celle qui avait été à l’usage des membres du Grand-Chœur au quinzième siècle[2]. Les évêques de Strasbourg même furent quelquefois forcés de s’en contenter, comme il arriva à Robert de Bavière. Ses dissipations l’avaient tellement appauvri qu’il fut contraint, en 1448, de réaliser son argenterie et de la remplacer par un service en étain. Bientôt sa détresse arriva au point qu’il retira à sa domesticité et à ses officiers la vaisselle d’étain et leur en donna une plus économique encore, qui était faite de bois[3]. Lorsque Guillaume de Hohnstein dut faire son entrée à Strasbourg, en 1507, il demanda à la ville des ustensiles et la vaisselle d’étain nécessaires pour cette occasion ; la ville lui prêta de la batterie de cuisine, mais elle n’avait pas de vaisselle d’étain qui lui appartînt[4]. Jean de Manderscheid ne paraît pas avoir été toujours suffisamment pourvu de ce genre d’instruments, puisque, à l’occasion du voyage d’Élisabeth d’Autriche, femme de Charles IX, qu’il reçut dans son château de Saverne, en 1570, il demanda des suppléments de vaisselle d’étain aux abbés de Marmoutier et d’Altorf[5]. — Les princes de Wurtemberg qui régnaient à Montbéliard avaient organisé leur maison sur un pied si modeste que la vaisselle d’étain était la seule en usage à la cour, au seizième siècle encore[6], bien que le fait paraisse à peine croyable. Cela se peut pourtant, si l’on réfléchit que le château des archiducs d’Autriche à Ensisheim était réduit, à la même époque, à emprunter à la bonne société de cette résidence la vaisselle d’étain

  1. Montaigne, Voyages, t. Ier, p. 55.
  2. Grandidier, Essais sur la cathédrale, p. 392.
  3. Berler, Chronick. Code historique de Strasbourg, t. II, p. 53.
  4. Eintritt des Bischofs. Code historique de Strasbourg, t. II, p. 261.
  5. Spach, Deux voyages d’Élisabeth d’Autriche, p. 30.
  6. Duvernoy, Éphémérides de Montbéliard, p. 300.