Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/337

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légué à cet institut, et qui portait le nom de Kœrenberg. « Il est constant que l’on de décède pas tandis que l’on boit de ce bon vin, très-utile pour la santé de l’homme en le buvant maîtrement, mais raisonnablement ; il est défendu au beau sexe d’en boire, de peur que ces dames ne deviennent trop maîtresses de leurs maris[1]. » Turckheim, sur la Fecht, se glorifie de son Brand, de son Edelsberg et de ses bons vins rouges auxquels la langue populaire a donné le nom générique de Türkenblut. Un peu plus loin, Zimmerbach a son Geisbühl et son Prinz-Max, récolté dans un canton qui appartenait à Maximilien de Deux-Ponts, devenu, par la grâce de Napoléon Ier, roi de Bavière. Retournons sur nos pas, sortons de la vallée de Munster ; le domaine de la vigne cesse ; en poussant plus loin, nous ne rencontrerions que des fabriques, des rochers, des bois, des chalets, des déserts, peut-être de la neige. Voici Eguisheim et ses crus délicats qu’un savant médecin, le docteur Jænger, perfectionne encore tous les jours et qui rivaliseront bientôt avec les plus nobles produits du Palatinat ; Rouffach et sa côte opulente ; Jungholtz et ses vins rouges, surtout ceux de Schauenbourg ; Bergholtz-Zell, dont les habitants reçurent, il y a plusieurs siècles, des terrains communaux à condition de n’y planter que du raisin gentil qui donne un vin honoré de ce dicton :


Der Rechenweyer und Bergholtzzeler
Die thun gut in unseren Keller[2].


(Le Riquewihr et le Bergholtzzell font merveille dans nos caves.)


Nous sommes devant Guebwiller, vignoble digne de tous les respects, même d’un peu de crainte ; c’est là que croissent l’Olber, au bouquet intense, et le Séring[3] des moines de Murbach ; c’est là que la Wanne donne ses riches trésors ; c’est là, sur le Kreutzberg, que mûrit le perfide Kitterle qui a mérité le surnom redoutable

  1. Statuts du Wagkeller. Revue d’Alsace, 1853, p. 543.
  2. Durwell, Géologie du canton de Guebwiller, p. 86.
  3. Ichtersheim, Topogr. des Elsasses, t. II, p. 33. Il l’appelle ein köstlicher Wein.