Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/339

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peut difficilement en boire un pot sans être renversé, ohne bodenwerfenden Rausch, bien qu’il s’insinue dans le corps aussi doucement que le lait, da er doch wie Milch einschleichet[1]. Voici ce qu’en dit le Franciscain de Thann :

« Que celui qui en abuse se garde de l’air et de la promenade ; il vaut mieux de le croire que d’en faire l’expérience ; après cela, ceux qui en ont fait l’épreuve peuvent en porter le plus sûr témoignage[2]. »

Du temps de Marie-Thérèse le Rangwein jouissait d’une vogue extraordinaire dans la haute société de Vienne. Un Alsacien, précepteur des enfants du prince de Lœwenberg, l’avait introduit en Autriche. L’engouement était tel que Vienne consommait six fois plus de Rang que Thann n’en produisait. La foi est une belle chose en toutes matières !

Une partie des détails que nous venons de parcourir a donné naissance à ce vieux dicton bachique :


Zu Thann im Rangen,
Zu Gebweiler in der Wannen,
Zu Türckheim im Brand,
Wächst der beste Wein im Land[3].


(À Thann, dans le Rang, à Guebwiller, dans la Wanne, à Turckheim dans le Brand, croissent les meilleurs vins du pays.)


À quoi les vignerons de Riquewihr ont ajouté ces deux rimes :


Aber gegen Reichenweihrer Sporen
Haben sie alle das Spiel verloren[4].


(Mais devant le Sporen de Riquewihr ils baissent tous pavillon.)


Nos poëtes alsaciens modernes ont aussi quelquefois senti leur

  1. Ichtersheim, loc. cit., t. II, p. 41.
  2. Kleine Thanner Chronick, 1766, p. 78.
  3. Friese, Merkwürdigkeiten, p. 183.
  4. Die deutsch. Mundarten. Nuremberg, 1859, p. 10, article d’Auguste Stœber.