Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bu et qui est allé se coucher, de se réveiller pendant la nuit, afin qu’il se retourne d’un autre côté, sans quoi ce vin pourrait bien lui forer un trou dans l’estomac » (Auerbach, Büchlein für Jugend) ; Rembqs vel Rembes (Mulhouse) ; Saich, vulgo urine ; Seifel, boisson ignoble ; Sunneglitzer, canton de mauvais vin à Zillisheim ; exemple de la règle qui a fait du Suresne le type des mauvais vins français ; Süff, Sürremes, Sürrembes (Mulhouse) ; Trinckwin, c’est du vin qu’on boit, mais on en aimerait autant du meilleur ; Tord-boyaux, importation récente ; témoignage des progrès de la langue française.

Les pauvres montagnards du Ban-de-la-Roche ne disaient aucun mal de la piquette qu’ils se préparaient avec des cerises, des grains de genièvre et le fruit des rosiers de chien (chopecus)[1].

Quand le vin avait subi un baptême trop généreux, on le signalait malicieusement comme ayant traversé Wasselonne, er isch durch Wasslen geloffen ; le calembour n’était pas très-pur ; en ce temps-là, une analogie approximative des sons suffisait.

L’eau, considérée comme liquide potable, était moins injuriée que le mauvais vin, on se contentait de la désigner sous les noms de Gænswin, Gænslæwi, Fræschewin, Waibelstein-Reps, Brunnefofziger (Mulhouse), vin des oies, vin des grenouilles, etc.

Quelque bons que fussent ses vins indigènes, l’Alsace ne se tenait pas uniquement à eux. Les produits étrangers ont en tout temps exercé une séduction sur les palais capricieux ou difficiles. En 1288, Bâle vit arriver un marchand qui menait avec lui et vendait des vins de Grèce ou de Chypre[2]. Pendant le moyen âge, le Rheinfall, le malvoisie, le vin du Rhin, devaient faire leur apparition dans les festins somptueux et sur les tables d’apparat. Nos aïeux prisaient aussi beaucoup les vins artificiels (Künstliche Weine) que fabriquaient et vendaient les apothicaires. Le Reps ou vin infusé d’épices fut longtemps en crédit chez eux. Le vin

  1. Oberlin, Propos. géol., p. 134.
  2. Annales et Chronique des Dominicains de Colmar, p. 135.