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Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/366

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Cette corne était encore conservée dans les caves du château de Saverne, du temps de Grandidier. Ce wilkomm gigantesque était devenu une véritable personnification, une déité mythique ; on l’appelait madame la Corne, la plus qu’admirable Corne ; elle avait ses fidèles, ses serviteurs, ses dévots. On parlait de faire honneur, de lui offrir ses hommages, de lui présenter ses humbles services et de lui rendre ses devoirs comme on l’eût fait à une femme, à une reine. Les étrangers de distinction, les visiteurs illustres, étaient admis à la faveur de boire dans la grande Corne ; c’était même un devoir de politesse qu’ils ne pouvaient refuser et par lequel ils reconnaissaient l’hospitalité qu’ils avaient reçue chez l’évêque. Les plus grandes dames ne pouvaient s’en excuser. Il serait intéressant de connaître les rites et les cérémonies qui se pratiquaient dans ces occasions, les formules sacramentelles qui étaient usitées, les salutations, les vœux, les souhaits, les remercîment consacrés, tout le libretto enfin de la liturgie qui avait été inventée pour régler et rehausser le culte de la Corne. Ce cérémonial existait on n’en peut douter, puisque les visiteurs mentionnent qu’ils ont bu avec toutes les cérémonies requises et nécessaires, et que l’un d’eux parle même des belles et superbes cérémonies qui s’observent entre les confrères et sœurs audit lieu. Le détail ne nous en est malheureusement point parvenu.

La confrérie bachique du Hoh-Barr se composait de deux divisions. La plus éminente était formée des membres actifs, qui avaient satisfait aux épreuves officielles ; dans l’autre figuraient seulement les passagers d’occasion et les femmes qui avaient bu dans la Corne sans accomplir les devoirs prescrits. On voyait donc dans cette académie ce qu’on voit dans toutes les autres : des membres titulaires et profès et des associés libres, de simples correspondants, des affiliés, des novices.

À sa fondation, en 1586, l’université poculative de Manderscheid compta parmi ses premiers docteurs plusieurs personnages distingués : Henri de Bobenhausen, grand-maître de l’ordre teutonique ;