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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/24

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Quelqu’un, entre autres sottes questions, me fit un jour celle-ci : « Pourquoi le lion rugit-il ? » Je lui répondis : « Je crois que le rugissement est au lion ce que le chant est à l’oiseau. Si cette définition ne vous satisfait point, allez passer quelques années en sa compagnie, vous en trouverez peut-être une meilleure[1]. »

J’ai pensé que la statistique faite par moi sur les pertes que les lions font éprouver aux Arabes pourrait intéresser le lecteur, et je la consigne à la fin de ce chapitre.

La durée de l’existence du lion est de trente à quarante ans. Il tue ou consomme une valeur annuelle de six mille francs en chevaux, mulets, bœufs, chameaux et moutons. En prenant la moyenne de sa vie, qui est de trente-cinq ans, chaque lion coûte aux Arabes deux cent dix mille francs.

Les trente lions qui se trouvent en ce moment dans la province de Constantine, et qui seront remplacés par d’autres venant de la régence de Tunis ou du Maroc, coûtent annuellement cent quatre vingt mille francs. Dans les contrées où je chasse d’habitude, l’Arabe qui paye cinq francs d’impôts à l’État paye cinquante francs au lion.

  1. Les Arabes, dont la langue est riche en comparaisons, n’ont qu’un mot pour le rugissement du fion, ce mot est rad, tonnerre.