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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/241

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tête engloutie par la gueule du lion, qui regarde le canon de ma carabine s’abaisser sur lui, effleurant sa crinière, sans que pour cela il quitte la victime qu’il a choisie.

Craignant pour la tête de l’homme en frappant celle du lion, je cherchai la place du cœur et je fis feu.

Amar-ben-Sigha, dégagé, roula à mes pieds, qu’il étreignit si violemment, qu’il faillit me renverser, et le lion, le flanc appuyé contre les branches qui craquaient sous son poids, ne tombait pas encore.

Je visai à la tempe et je pressai la détente : le coup ne partit pas.

Pour la première fois depuis dix ans, ma carabine avait raté, et le lion était toujours là, debout contre la cépée, qu’il déchirait de ses dents et de ses griffes en rugissant et en se tordant dans les convulsions de l’agonie, à un pas de moi et presque sur le corps d’Amar-ben-Sigba, qui criait comme un possédé.

Tous mes hommes étaient accourus, les uns brandissant leurs yatagans, les autres tenant leurs fusils en l’air par le bout du canon en guise d’assommoirs.

Faibles moyens, pauvres armes contre un ennemi que les balles ne tuent pas !

Mon premier mouvement fut de tendre la main vers mon spahi Hamida, qui, le visage