Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 254 —

Seulement, ici, je savais parfaitement à quoi m’en tenir et j’étais sûr de mener l’affaire à bonne fin, sans y laisser le moindre lambeau de chair humaine.

D’abord il faisait jour et j’avais du temps devant moi, ensuite je n’avais affaire qu’à une lionne ayant perdu presque tout son sang, c’est-à-dire ses forces ; enfin, je savais qu’elle n’avait que trois jambes.

Le succès n’était pas douteux ; mais comme, au bout des trois jambes qui lui restaient, il y avait de grosses pattes armées de fortes griffes et que les dents qui avaient étranglé les trois bœufs devaient être respectables, je pris des mesures pour que la lionne ne me traitât point comme les herbivores du jour précédent.

Le bois dans lequel elle s’était retirée était si épais, que, si j’avais voulu l’y suivre, il m’eût été impossible de la voir sans la toucher, et j’eusse été pris et mis en pièces avant d’avoir pu lui envoyer une balle.

Toutefois, j’avoue à ma honte, car c’eût été une folie, que si je n’avais pas eu d’autre moyen d’en finir, confiant dans le hasard de la veille et dans les hasards précédents, qui m’ont, vous le savez, si miraculeusement servi, j’avoue que j’y serais allé sans hésiter.

Mais j’avais là une bonne clairière au mi-