Aller au contenu

Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 265 —

Sans perdre une minute, il fait ses préparatifs de départ et s’éloigne accompagné de quelques spahis indigènes.

Au moment où il va franchir l’enceinte fortifiée du poste, avec son chien, superbe griffon d’arrêt, baptisé du nom prophétique de Lion, Gérard entend une voix moqueuse qui le rappelle.

C’est la voix du maréchal-des-logis, Parisien et gouailleur.

— Dites donc, brigadier, lui crie-t-il, vous avez oublié quelque chose !

— Quoi donc ?

— Vous ne devinez pas…

— Non.

— Eh ! c’est de faire votre testament.

— Je ne l’ai pas oublié, riposte Gérard, j’ai légué mon corps à la dent du lion, si je le manque, et mon âme à Dieu.

Quelques heures lui suffisent pour traverser la vaste plaine de Guelma. Il parcourt le théâtre des ravages de la bête, se fait donner tous les renseignements nécessaires et attend l’approche de la nuit avec un calme impassible.

Il est installé au milieu des Arabes, à une centaine de pas des tentes, car ses yeux de chrétien ne doivent pas contempler les femmes du douar.

Notre chasseur intrépide allume une dernière pipe, salue ses hôtes et prend sa course vers les ravins boisés qui à cette heure du crépuscule, entourent comme d’une ceinture de deuil le pays des Archious.