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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/30

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Pendant ce temps, le lion, qui a fait d’abord quelques bons immenses pour sortir de la fosse, le lion, dis-je, s’est résigné.

Il entend tout ce bruit, toutes ces voix ; il a compris qu’il est perdu, qu’il mourra là d’une mort honteuse et sans défense ; mais il recevra les injures et les balles sans se plaindre et sans sourciller.

Avant la pointe du jour, les Arabes voisins, prévenus par les coups de fusil, sont arrivés en foule de peur de perdre quelque chose du spectacle auquel ils sont conviés.

Ceux-là aussi amènent leurs femmes, leurs enfants et leurs chiens.

Il est si bon de voir souffrir un ennemi dont on n’a plus rien à craindre et qu’on peut insulter et frapper impunément !

Ce qu’il y a de remarquable dans ces circonstances, c’est que les femmes et les enfants, mais surtout les femmes, sont toujours les plus acharnés et les plus cruels.

Est-ce chez les femmes arabes le propre de la sauvagerie ou le sentiment de leur faiblesse ? c’est ce que je ne saurais dire. Mais j’aime à croire qu’il n’en serait point ainsi des dames françaises, et j’espère qu’il s’en trouverait parmi elles qui demanderaient la grâce du lion, ne serait-ce que pour le voir attaquer à sa sor-