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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/43

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Dès que le lion l’aperçoit, il bondit vers lui, et quelle que soit la contenance de cet homme en se voyant chargé, soit qu’il tourne les talons pour gagner un arbre ou un rocher, soit qu’il attende de pied ferme et fasse feu à bout portant, de toute façon c’est un homme mort, à moins que, par un hasard providentiel, l’animal ne soit tué roide.

Comme on le voit, le tactique est on ne peut plus simple : il s’agit seulement d’opposer au lion autant de fusils qu’il a de dents et de griffes ; mais, pour que la partie soit égale, il faut que ces fusils se protégent mutuellement, qu’ils ne se désunissent jamais, et que chaque combattant soit inaccessible à la crainte et d’avance prêt à faire le sacrifice de sa vie pour protéger celle de son voisin.

Quand les chasseurs ont pu se réunir avant l’attaque et s’adosser à un rocher, le lion passe majestueusement devant eux, espérant que sa présence portera le trouble dans les rangs, et, dans ce cas, il fond bravement sur la troupe ébranlée, qui est mise en déroute, laissant un ou deux des siens au pouvoir de l’ennemi.

Si personne ne bouge et si le lion ne voit point d’hésitation parmi les chasseurs, il passe en murmurant de sourdes menaces à vingt ou trente pas des fusils braqués sur lui. C’est là