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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/89

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de balle le fit, comme la première, rouler dans le lit du ruisseau : trois fois il revint, et ce ne fut que la troisième balle qui, placée à bout portant dans l’œil, l’étendit roide mort.

J’ai dit qu’au premier coup de feu le lion avait poussé un rugissement de douleur ; au même instant et comme si elle avait vu ce qui s’était passé, une panthère se mit à crier de toutes ses forces sur la rive gauche de l’Oued-Cherf.

Au second coup de feu, le lion ayant rugi comme la première fois, le même cri se fit entendre, et un autre pareil lui répondit plus loin en aval du gué que j’occupais.

En un mot pendant toute la durée de ce drame, trois ou quatre panthères, dont je ne soupçonnais pas la présence dans ces parages et que je n’ai jamais rencontrées ni entendues depuis, firent un bacchanal d’enfer en réjouissance de la mort d’un ennemi qu’elles redoutaient.

Le lion que je venais de tuer était un animal d’environ trois ans, bien gras, bien dodu et armé déjà comme un ancien.

Après m’être assuré qu’il valait bien toute la poudre qu’il m’avait obligé de brûler, et que les Arabes, en le voyant, le salueraient avec satisfaction et respect, je pensai au bûcher,