Page:Gérin-Lajoie - Dix ans au Canada, de 1840 à 1850, 1888.djvu/545

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le clerc lut d’un ton qui n’annonçait pas le désir d’attirer l’attention du public :

« Le BILL DES PERTES DE LA RÉBELLION.

« Et, à la honte éternelle et damnable de la Grande-Bretagne,

« LA RÉBELLION EST LA LOI DU SOL !

« Le bruit de ce fait a été accueilli par des cris de rage et des battements de pieds. Plusieurs autres bills ont reçu la sanction royale après cela ; mais les galeries se vidèrent par dégoût, "murmurant et maugréant tout haut et tout bas", malédictions qui auront effet quelque autre jour.

« Les personnes qui s’étaient assemblées dans les environs, apprenant ce qui venait de se passer, éclatèrent en hurlements, cris de rage et d’indignation contre le "dernier gouverneur du Canada". Quand lord Elgin (il ne mérite plus le titre d’Excellence) reparut dans les rues, en sortant de la chambre du Conseil, il fut reçu par les sifflets, les grognements et les cris d’indignation de la foule. On lui lança des œufs pourris, et lui et ses aides de camp furent arrosés de cette liqueur savoureuse, et toute la voiture fut couverte du contenu dégoûtant des œufs et de boue. Quand la provision d’œufs fut épuisée, on se servit de pierres pour saluer le départ de la voiture, et il fut emmené au galop au milieu des malédictions de ses compatriotes.

« LA FIN A COMMENCÉ.

« Anglo-saxons ! vous devez vivre pour l’avenir ; votre sang et votre race seront désormais votre loi suprême, si vous êtes vrais à vous-mêmes. Vous serez Anglais, "dussiez-vous n’être plus Britanniques". À qui et quelle est votre allégeance maintenant ? Que chaque homme réponde pour lui-même.

« La poupée du spectacle doit être rappelée, ou repoussée par le mépris universel du peuple.