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ÉCONOMISTE.

XII.



gustave charmenil à jean rivard.


« Mon cher Ami,

« Je viens d’apprendre que tu es Maire de Rivardville. J’en ai tressailli de plaisir. Je laisse tout là pour t’écrire et te féliciter. À vrai dire pourtant, ce sont plutôt les électeurs de Rivardville que je devrais féliciter d’avoir eu le bon esprit d’élire un maire comme toi. Personne assurément n’était plus digne de cet honneur ; tu es le fondateur de Rivardville, tu devais en être le premier maire. Cette seule raison suffisait, sans compter toutes les autres.

« Avec quel bonheur, mon ami, je te vois grandir de toutes manières ! Tes succès dans la vie ont quelque chose de merveilleux. Ne dirait-on pas que tu possèdes un talisman inconnu du vulgaire, que tu as dérobé aux fées leur baguette magique ? Car enfin, combien d’autres sont entrés dans la même carrière que toi, dans les mêmes conditions, avec les mêmes espérances, et n’y ont recueilli qu’embarras et dégoûts ! Combien passent toute leur vie à tourmenter le sol pour n’y moissonner que misère et déceptions.

« Il semble qu’un bon génie t’ait pris par la main pour te guider dans un sentier semé de fleurs. Entré dans ta carrière de défricheur, avec ton capital de cinquante louis, te voilà déjà comparativement riche ; tu le deviendras davantage chaque année. Tu n’as