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ÉCONOMISTE.

un autre. Elle remplit fidèlement ses devoirs d’épouse et de mère. Le jeune homme, qui l’aima d’abord, se sent oublié, se console peu à peu, et porte ses vues ailleurs.

« Après ce petit exorde, laisse-moi, mon bon ami, t’entretenir un peu de ma jeune pensionnaire. Je suis accueilli dans sa famille avec tous les égards possibles. Ma petite amie, que j’appellerai Antonine, est l’aînée de trois sœurs, dont la dernière est encore au couvent. Elle-même me parut d’abord regretter d’en être sortie ; elle ne parlait qu’avec émotion des bonnes dames directrices et des petites amies qu’elle y avait laissées. Cet ennui cependant s’est dissipé peu à peu, grâce à l’ardeur avec laquelle elle s’est livrée à tous les travaux domestiques qui conviennent à son sexe, et dont la connaissance pratique formait comme le complément de son éducation de couvent. Sa mère, qui me paraît être une femme supérieure, et parfaitement au fait des devoirs de son état, l’instruit de tout ce qui concerne la tenue d’une maison. Elle lui fait faire ce qu’elle appelle l’apprentissage de sa profession. À l’heure qu’il est, Antonine et sa sœur remplissent, chacune à son tour, les devoirs de maîtresse de maison, veillant à la propreté générale et à tous les détails du ménage, surveillant la cuisine, commandant les domestiques, et mettant elles-mêmes la main à l’œuvre lorsqu’il en est besoin. Elles s’acquittent de ces devoirs sans confusion, sans murmure, avec une sorte d’enjouement. Il m’est arrivé d’entrer une fois sans être annoncé et d’apercevoir Antonine vêtue en négligé, occupée à essuyer les meubles du salon. Elle était charmante à voir. Elle rougit légèrement, non de