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ÉCONOMISTE.

mes engagements. Il faut que dans huit ans, tous ces arbres que tu vois soient coupés, brûlés, et que leur cendre soit convertie en potasse ; à l’exception toutefois de notre érablière et d’une étendue de quinze acres que nous garderons en forêt pour les besoins de la maison, pour le chauffage et pour la fabrication des meubles, outils ou ustensiles nécessaires à l’exploitation de la ferme. »

Jean Rivard se remit donc vaillamment à l’ouvrage, abattant, bûchant, brûlant, nettoyant chaque année plusieurs arpents de forêt.

Pierre Gagnon, sur le compte duquel nous reviendrons plus tard, n’était plus assidûment à son service ; Lachance était allé s’établir dans une autre partie des cantons de l’Est ; mais Jean Rivard avait pu sans peine se procurer les services d’autres bûcherons.

J’ai déjà dit les procédés de défrichement, les fatigues, les misères qui y sont attachées, je ne reviendrai pas sur ce sujet ; je dirai seulement que les ressources de notre défricheur lui permettant désormais de se procurer au besoin l’assistance de plusieurs paires de bœufs et de quelques nouveaux ustensiles, le déboisement de son lot devenait une chose comparativement facile.

Grâce à sa force physique qui s’était considérablement développée par l’exercice et à sa merveilleuse dextérité que l’expérience rendait de jour en jour plus surprenante, il ne craignait plus de succomber sous le poids du travail, et sous son habile direction, tout marchait avec une rapidité, une régularité remarquables.

En outre, depuis que Jean Rivard avait pour charmer ses loisirs une compagne intelligente et affec-