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JEAN RIVARD

cessaire, consacrer deux, trois, quatre heures par jour à lire, écrire, calculer, étudier. Aucune classe n’a plus de loisir, surtout durant nos longs hivers. Qui nous empêcherait d’employer ces loisirs à l’acquisition de connaissances utiles ?

« Que d’études importantes, en même temps qu’agréables, n’aurions-nous pas à faire ? Nous sommes naturellement portés à nous occuper des choses de l’esprit ; nous aimons beaucoup, par exemple, à parler politique ; nous aimons à juger les hommes qui nous gouvernent, à blâmer ou approuver leur conduite, à discuter toutes les mesures présentées dans l’intérêt général. Mais n’est-ce pas humiliant pour l’homme sensé, qui n’a pas la moindre notion de la science du gouvernement, qui ne connaît ni l’histoire du pays, ni les ressources commerciales, industrielles, financières dont il dispose, qui n’a pas même assez cultivé sa raison pour bien saisir le sens et la portée des questions politiques, n’est-ce pas humiliant pour lui d’avoir à décider par son vote ces questions souvent graves et compliquées, dont dépendent les destinées du pays ? Je connais un de mes vieux amis qui ne veut jamais voter, sous prétexte qu’il ne comprend pas suffisamment les questions en litige ; c’est cependant un homme fort intelligent. Avec quel bonheur il approfondirait toutes ces questions, si son instruction préalable lui avait permis de consacrer quelques heures, chaque jour, au développement et à la culture de ses facultés intellectuelles ?

« Songe donc un instant, mon ami, à l’influence qu’une classe de cultivateurs instruits exercerait sur l’avenir du Canada !

« Mais je m’arrête : cette perspective m’entraîne-